La poutre de Rabishong

par | Août 2, 2017 | Biomécanique, Sélection du moment

Prenez une règle et appuyez les extrémités avec vos paumes des mains. La règle va finir par fléchir et casser. La force de compression d’abord longitudinale a produit une force perpendiculaire de déformation jusqu’à la rupture du matériau. En génie civil, les architectes doivent constamment prendre en compte ce phénomène dans la construction des piliers… Si ce n’était pas le cas les ponts s’écrouleraient au passage des premiers camions…

Ce phénomène s’appelle le flambage

La charge critique à partir de laquelle il y a risque de rupture par flambage est calculée par la formule d’Euler. La charge critique diminue et donc le risque de rupture augmente lorsque la longeur de la poutre augmente.

Formule d’Euler

• E est le module de Young (élasticité avant rupture) du matériau
• I est le moment quadratique (résistance en torsion et en flexion) de la poutre
• lk est la longueur de flambement de la poutre

Il est alors facile de comprendre qu’au squat à 200 kg, la colonne vertébrale longue de 75 cm environ chez l’adulte doit résister en priorité au flambage. Même au développé-couché une colonne vertébrale et un tronc capables de générer une véritable poutre musculo-squelettique précontrainte résistera mieux au poids. La distribution des forces de pression sera bien mieux répartie

La poutre de rabishong (colonne vertébrale et ses muscles intrinsèques) soutenue par les caissons pressurisés du tronc

Transformer le tronc en une poutre composite, c’est concrètement exploiter les pressions intra-thoracique pneumatique et intra-abdominale hydraulique. Les muscles intercostaux, le diaphragme, les abdominaux (grands droits, obliques et transverse), les muscles du plancher périnéal etc… constituent les parois des caissons. Il faut donc les renforcer tous et de manière équilibrée !

Annoncer une formule de physique comme celle d’ Euler peut surprendre …

Mais elle résume en quelques caractères une réalité physique très utile pour élaborer efficacement un entrainement.
Par exemple, au squat, pour soulever plus lourd , et diminuer le risque d’accident du dos, la grandeur F ( charge critique ) doit être maximum.

On y parvient
• Par accroissement de E, c’est-à-dire de l’élasticité et de la souplesse globales du tronc
• Par accroissement de I, c’est-à-dire de la résistance à la flexion et à la torsion du tronc en exploitant le phénomène de poutre
• En diminuant lk, c’est-à dire la longueur du tronc ?! Chirurgicalement peut-être !…Pour le squat cela me parait donc difficile. Mais pour d’autres exercices, selon les placements par rapport à la charge, on peut solliciter seulement un segment de tronc, donc plus court !

Si on sait exploiter cette formule (comme d’autres), on saura construire un plan d’entrainement rentable. Certains sportifs diviseront le nombre de séances par deux voire davantage pour plus de résultats.

Pour le squat, il est donc inutile de passer du temps à renforcer des cuisses déjà puissantes si le tronc est un relai fragile.Imaginez que dans un véhicule on place un moteur de porche couplé à une transmission de 2 chevaux !

Dans l’exemple du squat , le tronc sera donc la cible privilégiée du programme d’entrainement.